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LES ARBORICULTEURS DE RIEDISHEIM |
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19/01/2020
FAUNE ET FLORE
Un prédateur redoutable arrive, le Frelon asiatique !
Outre les abeilles domestiques elle se nourrit aussi d'autres insectes (guêpes, araignées, mouches, papillons, etc.).
Depuis l’été 2006, certains apiculteurs s’inquiètent de voir leurs ruches plus régulièrement et plus fortement attaquées par cette espèce que par le Frelon européen. En vol stationnaire à une vingtaine de centimètres de l’entrée de la ruche, une ouvrière de V. velutina succède régulièrement à une autre pour capturer les butineuses qui reviennent chargées de pollen. Le frelon fonce sur sa proie, la saisit entre ses pattes et la tue d’un coup de mandibules derrière la tête avant de l’emporter dans un arbre pour la dépecer. Il ne conserve que le thorax contenant les muscles du vol riches en protéines ; il en fait une boulette qu’il emporte jusqu’au nid pour en nourrir les larves. Il prélève aussi de la viande sur des cadavres de vertébrés ou sur les poissons et crevettes exposés aux étals des marchés. Les boulettes de proies servent à nourrir les larves. Les adultes ne se nourrissent que de liquides sucrés (miellat, nectar, miel…) et du liquide riche en protéines que régurgitent les larves lorsqu’ils les sollicitent. Les ouvrières transportent ces liquides dans leur jabot pour nourrir par trophallaxie la reine, les autres ouvrières, les mâles et les futures fondatrices restées dans le nid. À l’automne, ils mangent aussi la chair des fruits mûrs, pommes, prunes, raisins… En Asie, Vespa velutina est considéré comme un redoutable ennemi des ruchers car il peut détruire jusqu’à 30 % d’une colonie de l’Abeille asiatique, Apis cerana. Après avoir décimé les gardiennes, les ouvrières du Frelon peuvent pénétrer dans la ruche pour prélever le couvain. En France, la conformation des ruches permet de réduire l’entrée à une étroite fente, ce qui interdit la pénétration des insectes d’une taille supérieure à celle des abeilles. La prédation exercée par V. velutina se limite alors aux abeilles adultes, mais sa présence insistante, parfois en grand nombre (15 à 20), devant les ruches stresse les abeilles, réduisant leurs sorties, ce qui limite les récoltes de nectar et de pollen à un moment où les abeilles élèvent leurs dernières ouvrières de l’année et font leur réserve pour passer l’hiver. En France, tous les observateurs s’accordent sur le fait que le Frelon asiatique n’est pas agressif et qu’il est possible d’observer son nid à 4 ou 5 m de distance sans risque. Les rares personnes piquées l’ont été en tentant de détruire un nid ou en touchant une ouvrière par inadvertance. La piqûre, si elle est douloureuse, n’est pas plus dangereuse que celle d’une guêpe ou d’une abeille mais les personnes allergiques au venin d’Hyménoptères doivent bien sûr rester très prudentes. Le Frelon asiatique est très facile à reconnaître car c’est la seule guêpe sociale en Europe à posséder une livrée aussi foncée : les adultes sont brun noir et apparaissent, de loin, comme des taches sombres sur le nid. La variété V. velutina nigrithorax possède un thorax entièrement brun noir velouté et des segments abdominaux bruns, bordés d’une fine bande jaune. Seul le 4e segment de l’abdomen est presque entièrement jaune orangé. La tête est noire, la face jaune orangée, les pattes jaunes à l’extrémité. Avec sa livrée sombre, il est difficile à confondre avec le Frelon d’Europe, Vespa crabro. Mesurant environ 3 cm de long, il est aussi un peu plus petit que ce dernier. La différence est particulièrement nette chez les reines, dont la taille atteint au plus 3,2 cm chez le Frelon asiatique et 3,5 cm chez le Frelon d'Europe.
Comme, le Frelon d’Europe, le Frelon asiatique construit un volumineux nid de fibres de bois mâchées formant un papier grossier ; le nid est composé de plusieurs galettes d’alvéoles entourées d’une enveloppe faite de larges écailles de papier, striées de beige et de brun. L’orifice de sortie est petit et latéral alors qu’il est large et basal chez le Frelon d’Europe. Le nid primaire du Frelon asiatique est généralement construit dans un endroit abrité (ruche vide, cabanon, trou de mur, bord de toit, roncier…) mais, comme chez le Frelon d’Europe, si l’environnement devient défavorable ou l’emplacement trop étroit pour la colonie en croissance, celle-ci se délocalise dans un nouveau nid dès que les ouvrières l’ont construit dans un endroit plus favorable (en général au cours du mois d’août). Le nid du Frelon asiatique est sphérique quand il est abrité, mais il peut devenir ovalaire et atteindre jusqu’à 1 m de haut et 80 cm de diamètre quand il est fixé, comme c’est souvent le cas, à plus de 15 m de haut dans un grand arbre. Dans un arbre, la présence de la colonie n’est souvent décelable qu’en observant les ouvrières aller et venir dans le feuillage, car le vol du Frelon asiatique est beaucoup plus discret que celui du Frelon d’Europe. Cela peut expliquer que les nids ne sont souvent remarqués que plusieurs années après l’arrivée du Frelon dans une région donnée ; cela a été le cas en Lot-et-Garonne, en Gironde au début de l’invasion et en Côte-d’Or par la suite. On ne découvre en général les nids de Vespa velutina qu’en hiver, lorsque les arbres ont perdu leurs feuilles.
Comme chez toutes les guêpes sociales européennes (Guêpes communes, Frelons et Polistes), les colonies du Frelon asiatique ne vivent qu’un an. Il est donc inutile de détruire un nid en hiver, puisque le peu d’individus qu’il peut encore contenir sont condamnés à mourir de faim ou de vieillesse avant le printemps. En automne, les femelles reproductrices s'accouplent avec les mâles et se met en hibernation. Les ouvrières, le mâles et les dernières larves meurent. Au printemps, chaque reine quitte le nid et commence la construction d'un nouveau en vue de pondre ses œufs. Les premiers œufs donneront des ouvrières qui agrandiront le nid dont la taille augmentera jusqu'à l'automne. En France, le Frelon asiatique installe de préférence son nid dans les hautes branches des grands arbres, en zone urbaine ou agricole comme en milieu boisé Une lutte irraisonnée contre une espèce envahissante peut conduire à favoriser son installation. Cela a été trop souvent le cas par le passé. Les espèces envahissantes ont en général une très forte capacité d’adaptation et de dispersion. C’est le cas du Frelon asiatique à pattes jaunes. Les méthodes de lutte qui ont un impact sur le reste de l’environnement (comme l’utilisation d’appâts empoisonnés) risquent donc de desservir nos espèces locales en faveur de ce dernier. Le frelon asiatique Vespa velutina est classé au niveau national dans la liste des dangers sanitaires de deuxième catégorie pour l’abeille domestique Apis mellifera sur tout le territoire français. Le constat est qu’il n’y a actuellement aucune stratégie collective de prévention, surveillance et lutte contre ce frelon qui soit reconnue efficace pour répondre à l’objectif de réduction de l’impact délétère du frelon asiatique sur les colonies d’abeilles Si vous trouvez un nid, adressez-vous à votre mairie qui sera mieux à même de vous réorienter vers l’organisme local de lutte. Certaines administrations locales peuvent prendre en charge une partie de la destruction. Il est primordial, dès le première détection de la présence d'un Frelon asiatique, de remplir le FORMULAIRE DE SIGNALEMENT pour la prise en compte de votre observation dans l'inventaire des organismes chargés d'étudier et de lutter contre ce prédateur. Source : Inventaire National du Patrimoine Naturel (Museum National d'Histoire Naturelle) http://frelonasiatique.mnhn.fr/
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