LUTTE
BIOLOGIQUE CONTRE LES RAVAGEURS DES ARBRES FRUITIERS
L’Anthonome du
pommier
Le contrôle des ravageurs
dits secondaires préoccupe de plus en plus les arboriculteurs. La plus
grande sélectivité des méthodes de protection phytosanitaire utilisées
explique en partie l’augmentation de leur présence. Dans le contexte
phytosanitaire actuel, il est primordial de caractériser les risques et
d’identifier les solutions disponibles pour contrôler ces ravageurs.
L’anthonome du pommier est
un ravageur dont l’intensité des dégâts en verger a augmenté au cours
des dernières décennies dans de nombreuses régions en Europe. Plusieurs
travaux rapportent une intensité des dégâts pouvant atteindre 90%,
remettant en cause la rentabilité économique à moyen terme de la
culture.
Reconnaissance de
l’anthonome du pommier
L’anthonome du pommier,
Anthonomus pomorum (L.), est un coléoptère de la famille des
Cucurlionidae (charançon).
Adulte :
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Longueur : 4,5
à 6 mm
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Rostre fin
avec antennes en son milieu
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Face dorsale :
bande blanchâtre en forme de V, point blanc entre le thorax
et les élytres
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Génération
N active en sortie d'hibernation en février-mars
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Génération N+1
observable au verger de mai à juillet
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Larve :
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Longueur : 8
mm
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Corps blanc
jaunâtre, tête noire
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Sans pattes
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Observable
dans les "fleurs en clou de girofle" pendant 2 à 4 semaines
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Nymphe :
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Longueur : 4 à
5 mm
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Jaune pâle
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Cycle biologique et
période à risque
L’anthonome du pommier est
un ravageur qui se caractérise par une longue période d'hibernation en
été-automne-hiver et
une courte période de colonisation des vergers au printemps.
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Diapause (hibernation) : De juillet
à février, estivation et hivernation des adultes sous des abris :
litière foliaire, écorces, anfractuosités, …
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Sortie printanière :
les adultes reprennent une activité dès que la température
moyenne atteint environ 9°C pendant plusieurs jours. Pendant 6 à 12 jours,
les adultes réalisent des piqûres de nutrition sur les bourgeons.
Les piqûres de nutrition provoquent moins de dégâts que ceux
provoqués par les larves.
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Pontes : les femelles
pondent un œuf par bourgeon au stade B-C (stade sensible). D’une
fécondité de 25 œufs en moyenne, la femelle étale sa ponte sur 4 à 5
semaines.
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Clous de girofle :
Après une période d’incubation de 4 à 12 jours, les jeunes larves
consomment les fleurs (étamines, stigmates et base des pétales). La
fleur reste fermée, entrainant la forme caractéristique de « clous
de girofle ».
-
Nymphose (mue de la
larve en nymphe) : La larve se
développe à l’intérieur de cette coque protectrice durant 3 à 4
semaines avant de se nymphoser. 7 à 10 jours après la nymphose,
émergence des jeunes adultes (mi-mai à mi-juillet).
-
Jeunes adultes : Les
adultes se nourrissent sur les jeunes pommes et pousses de l’arbre
durant 3 ou 4 jours avant d’entrer en diapause jusqu’au printemps
suivant.
-
Cette espèce ne
réalise qu’une génération par an.
Symptômes et niveau de
dégâts
-
Moins de fruits : La
réduction de la charge des arbres fruitiers due au développement des
larves est le principal dégât sur la culture. La nutrition
des adultes peut provoquer des déformations sur fruits, cependant
ces dommages restent négligeables.
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Bénéfique ou
détestable ? En cas de faible pression du ravageur ou d’une
floraison abondante, l’anthonome du pommier opère un éclaircissage
naturel des arbres plutôt apprécié des arboriculteurs. En revanche,
la situation devient problématique en cas de forte pression ou en
année de charge fruitière réduite. En l’absence de contrôle ou de
régulation naturelle, l’augmentation des populations d’anthonome
peut rapidement devenir difficile à maitriser. L’intensité des
dégâts est fortement liée à la concomitance entre les stades
sensibles du pommier (stade C-D) et le stade de développement de
l’insecte (adulte prêt à pondre).
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Fleurs de pommier en « clous de
girofle » |
Nymphe dans un bouton de fleur |
Comment contrôler
l’Anthonome en agriculture biologique ?
Les méthodes de lutte
restent actuellement très limitées. Concernant les méthodes de lutte
directe, il n’existe pas de matière active homologuée en agriculture
biologique en France.
Un gros dormeur pas si
curieux…
Les anthonomes ayant
réalisé leur diapause au verger se déplacent préférentiellement le long
des rangs. Ils parcourent des distances moyennes très limitées, en
moyenne de 3,8 m en verger haute-tige à écorce rugueuse et de 5,5 m en
verger piéton à écorce lisse. Les anthonomes ayant réalisé leur diapause
en dehors du verger se déplacent sur une distance moyenne de 19 m. Un
tiers des adultes restent sur le premier arbre qu’ils atteignent : la
densité d’anthonomes est donc souvent plus élevée en bordure qu’au
centre du verger.
Quels abris préfèrent-ils
?
L’anthonome a des sites de
diapause privilégiés et son taux de survie est variable selon l’abri
qu’il aura choisi ! Il préfère en premier lieu les litières de feuilles
sèches, puis branches et troncs à écorce rugueuse. Les écorces lisses,
l’herbe au sol et le sol nu ne sont pas des sites favorables. Le taux de
mortalité observé en verger durant sa diapause varie de 26 à 73% selon
les études. En condition expérimentale, son taux de mortalité dans une
litière de feuille sèche est de 60% et de 95% dans une litière de
feuille humide.
Quel est donc ce parfum de
bourgeon ?
Des molécules volatiles
émises par les bourgeons de pommier permettent leur reconnaissance par
les anthonomes. 16 d’entre elles ont été caractérisées. Parmi ces
molécules, 6 molécules jouent un rôle attractif. En effet, associée de
manière expérimentale, cette combinaison permet d’attirer les
anthonomes. Plus étonnant, une des molécules a un effet répulsif quand
elle est appliquée seule, et un effet attractif quand elle est associée
au mélange … Une piste pour mettre au point une lutte par confusion ?
Facteurs de risque et éléments de régulation
Environnement
Présence de
variétés ayant des floraisons étalées dans le temps
>> favorise la ponte de l’ensemble des œufs des anthonomes
femelles (3-4 semaines)
Proximité
de zones boisées et de haies en lisière du verger
>> abri hivernal
Ecorce
rugueuse
>> aspérités facilitent la recherche d’abris pour leur diapause.
Les arbres a écorce lisse sont moins attractifs.
Printemps
froid
>> ralentissement du développement des bourgeons
>> favorable à l’étalement de la ponte des femelles
Environnement
favorisant la prédation par les oiseaux et les araignées
Pratiques culturales
/
Sol nu sur le rang
>> défavorable au développement des parasitoïdes mais aussi des
anthonomes. Bilan intérêt/risque pour sol nu/enherbé non évalué.
Matériel végétal
/
Attractivité variable selon les variétés.
Source :
fiche technique éditée par
et
Avec nos remerciements à
M. Jean-Pierre Baechler
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